Au pays du kirsch

Le meilleur des antidépresseurs, c'est l'anticyclone ! En plein sur la France actuellement, il offre grâce au ciel limpide qui en résulte des températures bien négatives la nuit et largement positives en milieu de journée, avec une luminosité qui dope le moral : de la luminothérapie gratuite, le rêve. Le solstice d'hiver approchant, la lumière est cependant très rasante, avec de nombreux secteurs qui restent à l'ombre (et donc givrés) toute la journée, et une plage horaire utilisable restreinte : avant 10h, ce n'est guère prudent, après 16h30, éclairage de rigueur. N'étant ni casse-cou (et qui plus est frileux), ni équipé, c'est donc ce créneau qui m'intéresse pour une sacrée virée, assez improbable pour un mois de décembre.

Les poches pleines et 2 grands bidons remplis, bien que la soif se fasse moins ressentir avec le froid, je décolle en espérant ne pas être confronté à des bancs de brouillard givrant en plaine, ce qui ne sera heureusement pas le cas. Néanmoins, j'ai constaté le phénomène d'inversions de température, légèrement plus élevée au sommet des cols qu'à leur pied. Qu'importe, je pédale allègrement vers Bruyères, où chaque zone à l'ombre d'un bâtiment, d'un muret, d'une haie ou d'un bosquet, demeure fortement givrée. La prudence sera de rigueur toute la journée, occasionnant de nombreux passages au ralenti, expliquant en partie une moyenne générale qui aurait pu (dû) être meilleure au regard du D+ de la sortie !

La Côte, commune de La Houssière.

Entre Biffontaine et Les Poulières.

Arrivée sur Bruyères.

M'éloignant toujours du massif, je poursuis sur une route vallonnée mais globalement descendante jusque Remiremont, atteint à un peu moins de 30 km/h de moyenne. Le centre ville a l'air très décoré, ce qui doit garantir un beau spectacle en nocturne, mais je n'ai pas vraiment le temps d'attendre que la nuit tombe ...

Deycimont.

Jarménil.

Rue des Arcades, Remiremont.

Sitôt sorti de la ville, j'attaque le col du Peutet, qui sera emprunté en 2014 par les concurrents du Trirhéna, un sacré défi de plus de 1 000 km au départ de Mulhouse, traversant notamment la Suisse et l'Allemagne : bon courage aux futurs participants ! C'est son pied qui est le plus rude, jusqu'aux épingles en fait, la suite est nettement plus facile, avec une fin d'ascension très roulante et même une courte portion descendante auparavant. Evidemment, je me méfie de la descente en forêt, mais celle-ci s'avère à peu près sèche, puis file vers le Val d'Ajol, dont j'ai déjà évoqué ici les liens qui s'étaient liés en leur temps entre nos équipes de basket.

Montée vers le col du Peutet.

Col du Peutet.

Vue sur le col de la Demoiselle.

Secteur du Val d'Ajol.

Puis je continue tout droit vers la Haute Saône sur un secteur jamais emprunté qui mène à Fougerolles et au pays du kirsch, via une longue partie à l'ombre. Au passage, le kirsch de Fougerolles reste la première eau-de-vie de fruits à noyaux à avoir obtenu une Appellation d'Origine Contrôlée en France. Bon, ce n'est pas vraiment un alcool dont j'apprécie la dégustation, il va falloir trouver un autre moyen de se réchauffer ! Facile, puisqu'une fois le village traversé, la route se met à monter agréablement vers la forêt le long d'un itinéraire vraiment charmant ... qui mériterait une 2ème visite, mais à la belle saison.

Brrr, ça pèle en Haute Saône !

Bienvenue au pays du kirsch.

Route de Raddon.

Route de Raddon.

Cette route fait partie d'un itinéraire cycliste, parfaitement balisé, qui mène, après une descente, jusque Raddon et Chapendu où fut jugée en juin dernier l'arrivée des 3 Ballons. Un beau souvenir ... Arrivé à peu près à mi-parcours, j'en profite donc pour une pause sandwich expresse, puis continue vers Faucogney et la Mer. Portion très plate mais sans abri ni effet peloton, je la parcours moins vite qu'il y a 6 mois, of course.

Site d'arrivée des "3 Ballons".

Le repos du guerrier.

Direction Faucogney.

Un compagnon fidèle : mon ombre !

Faucogney.

Puis commence un faux-plat montant, gentil, qui m'amène jusque Corravillers, sur une portion courue en sens inverse par le Tour 2012 (Etape Tomblaine - Planche des Belles Filles). Me voilà au pied du col du Mont de Fourche, jamais gravi par ce versant. Sur un billard, il se dompte sans trop de difficulté. De belles courbes rompent la monotonie et le rendent très ludique à descendre en sens inverse, tout en offrant de beaux points de vue : que demander de plus ? Je trouve néanmois la dernière ligne droite interminable, la faute à un vent contraire assez marqué qui s'engouffre par le goulet du sommet.

Peu avant Corravillers.

Pied du Mont de Fourche.

Belle vue sur Corravillers.

Une des nombreuses épingles.

Retour dans les Vosges.

Souvenir du passage du Tour 2012.

Vue sur la vallée de la Moselle.

De retour dans le 88, je descends l'ubac du col, donc une nouvelle fois sans prendre de vitesse, jusque Rupt sur Moselle, et continue sur l'ancienne nationale avant de bifurquer vers Vecoux. Cette partie qui mène à Dommartin puis Le Syndicat s'avère très plaisante : assez résidentiel, le quartier bénéficie d'un bel ensoleillement et d'une belle vue sur les montagnes environnantes.

Secteur de Dommartin.

Désormais, le profil est résolument montant, avec une élévation plutôt douce jusque Gérardmer, où il me reste le col de Martimpré à escalader. Ça y est, le soleil s'est déjà caché derrière les montagnes, avec le froid qui va avec et une baisse marquée de la luminosité ... Pas de record de vitesse aujourd'hui, les cuisses de décembre commençant à crier grâce ! Mais c'est le dernier effort, car il ne me reste alors plus qu'à me laisser glisser jusque Corcieux pour pouvoir dire : "Mission accomplie !"

Sur l'adret, Cleurie.

Direction Le Tholy.

La lune au-dessus de Bouvacôte, secteur du Tholy.

A Gérardmer, le lac est déjà dans la pénombre.

Point culminant de la sortie, mais l'arrivée est proche.

Une belle virée qui développe 158 km, 1 650 m D+ pour 3 cols, couverts en 5h42. Pas mal, et même inespéré à cette période de l'année : était-ce Noël avant l'heure ?

Le parcours :