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dimanche 9 juin 2013

Les 3 ballons

C'est par une météo idéale qu'a pu se dérouler la réputée cyclosportive "vosgienne" ce samedi 8 juin. Vosgienne eu égard au massif visité, mais haut-saônoise si l'on se rapporte à son organisation et son site d'accueil, Luxeuil. Une fantastique journée de vélo, dont le plaisir d'y avoir participé est proportionnel aux souffrances endurées. Point de cols mythiques, comme dans les Alpes, mais une accumulation de dénivelé et des paysages traversés dignes d'autres lieux au nom plus clinquant. Cette année, départ en covoiturage, avec mon ami Matthieu, très motivé pour ce parcours où il va pouvoir faire valoir ses qualités de grimpeur, malgré quelques soucis de santé de dernière minute qui ne le contrarieront finalement pas trop dans sa performance. Le réveil sonne à 3h30, pas idéal au point de vue sommeil, mais indispensable pour laisser le temps à un dernier repas roboratif et aux ultimes préparatifs, avant un transfert en voiture d'une bonne heure ...
Arrivés sur le site de départ, pas de problème pour l'inscription de dernière minute, sur le stade qui va connaître (probablement) son affluence record quelques minutes plus tard. En effet, la piste d'athlétisme qui ceint le terrain de foot sera entièrement envahie par les cyclistes, quelques dizaines d'entre eux devant cependant attendre en dehors ! Oui, 400 m linéaires de vélos bien serrés sur toute la largeur de la piste, dont l'immense majorité de leurs propriétaires ne parle pas un mot de français ! Matthieu et moi nous sentons presque étrangers, tant nous sommes entourés par les Flamands et les Hollandais. Le départ est donné avec 1/4 d'heure de retard, et il s'écoule encore le même temps avant que le flot de vélos qui nous précède puisse s'élancer complètement, ce qui nous amènera à penser que disposer d'un dossard prioritaire, ou s'aligner plus tôt au départ pourrait s'avérer avantageux ... Ceci dit, le temps calculé est déterminé par la puce fixée sur le vélo, qui se déclenche au passage des lignes de départ et d'arrivée, donc le bénéfice n'est peut-être pas si énorme que cela ...
Une fois inscrits, place aux préparatifs !

Des cyclistes en veux-tu, en voilà !

2 Français noyés au cœur du Bénélux.
Une fois les pédales fixées, j'essaie de rattraper Matthieu qui, sans doute plus habitué que moi à frotter dans les pelotons, a réussi à se faufiler quelques vélos devant moi lors de notre lente procession, un pied sur une pédale l'autre à terre, style trottinette, vers le sas de départ. Après quelques minutes de chasse, je le rattrape et me cale dans sa roue, lui-même se plaçant intelligemment à l'abri, mais toujours dans la bonne roue, ce qui nous permet de remonter pas mal de paquets à moindre frais. Les 1ers km jusque Faucogney sont tout plats, puis arrive la 1ère bosse dès la sortie du village. Là encore, nous remontons moult participants sur une pente parfaite pour s'échauffer, 3-4%, sinueuse et forestière à souhait, un régal. Toujours bien calé derrière Matthieu, j'essaie de rester avec lui le plus longtemps possible. Néanmoins, sur la dernière partie de ce tronçon escarpé, plus pentue, je commence à faire l'élastique et ne reviens dans sa roue qu'à la faveur de chaque portion plus plane. Au sommet, nous sommes encore à deux, une petite victoire pour moi, avant une délicate descente à 18% vers Servance, fatale à un congénère (herbivore ?) qui s'en va brouter les champs plus vite que prévu, sans raison apparente, mais sans dommage non plus visiblement. Se profile alors la redoutée montée du col des Chevrères par Miellin. Une approche montante irrégulière précède le col en lui-même, que nous atteignons en 1h, soit 32 km/h de moyenne : toujours ça de pris, car cela ne va pas durer ! A cet endroit, je dis adieu à Matthieu, que je ne reverrai qu'à la pasta party, car plus question désormais d'espérer le rattraper ou de me mettre dans le rouge pour tenter de le suivre. Outre sa difficulté, j'appréhendais ce col en raison d'éventuels embouteillages ... Finalement, cela ne se passe pas si mal, avec une bonne gestion des pourcentages flirtant les 20% : prendre son mal en patience, éviter les gravillons, anticiper les zigzags ou déchaussages intempestifs des autres concurrents, voilà ce que je me répète sagement, car la journée est encore longue. Au sommet, le 1er gros morceau est derrière moi, il reste encore à appréhender un début de descente périlleux, avant de me retrouver dans un wagon pour toute la portion suivante menant au pied du Ballon d'Alsace. Alors que j'avais peiné seul contre le vent dans ce secteur montant lors de ma reconnaissance, je bénéficie là avec délectation de l'aspiration, ce qui au passage me permet de progresser quasiment 10km/h plus vite ... A Giromagny, j'assiste au vol plané incroyable d'un cycliste un instant inattentif qui, se retournant pour voir où étaient ses amis, vient s'emplâtrer dans des plots sur le côté de la route, ceux-ci délimitant un rétrécissement de chaussée. Je le vois avec effroi rebondir sur l'asphalte, tout comme son vélo qui produit de lugubres résonances. Finalement, plus de peur que de mal, je reconnais le gaillard et son maillot estampillé "Forza Italia" lorsqu'il me double peu avant le sommet du Ballon. Tant mieux pour lui ! Toujours en peloton, je rejoins donc assez vite, et en mode "économie d'énergie", le pied de l'ascension du Ballon d'Alsace, par son versant le plus facile, certes, mais dont je me méfie car j'y avais un peu pioché il y a 15 jours. Aujourd'hui, pas de problème, les jambes répondent parfaitement ... Je continue à dépasser des concurrents, tandis que d'autres furieux doublent sur la plaque, produisant une accélération qui leur sera forcément fatale plus loin. Je me retrouve à hauteur d'un Belge dont le rythme est similaire au mien, et sans nous concerter, nous commençons à nous relayer tout naturellement. Bon, l'aspiration en montée, c'est discutable, on est d'accord, mais cela maintient un rythme, parfait pour moi (nous), aux alentours de 16-19 km/h suivant le profil. Hélas, mon éphémère compagnon s'arrête au ravito du sommet, et après une franche poignée de mains, je poursuis vers la vertigineuse descente. Quel pied ! De la pente, des virages en enfilade, une route dégagée, je lâche tout avec lucidité jusqu'au lac d'Alfeld, donnant quelques coups de pédale ici ou là pour relancer ou pour doubler quelques concurrents aux trajectoires douteuses. 74 km/h max, indiquera mon compteur en bas (les meilleurs atteindront sans doute 90), un moment assez jouissif, qui se poursuit avec l'enchaînement de lacets en contrebas du barrage : je persiste à croire que ce versant est décidément le plus beau des 3, et le plus dur aussi à gravir. Le débat est ouvert ! 
De nouveau en peloton, le long faux-plat descendant jusque Masevaux me semble interminable, bien que la progression soit rapide : dans mon esprit, l'attaque du col du Hundsrück était plus immédiate. Après avoir salué un sympathique signaleur au passage (Pascal Bride, cycliste "ultra", qui fait partager ses assez incroyables aventures sur longue distance, et dont l'unique rencontre m'a profondément marqué, nos conversations virtuelles étant depuis régulières), l'attaque du col est plutôt sèche et en surprend plus d'un. Les bruyants Allemands qui menaient le train dans la vallée s'écartent rapidement pour les 9 km d'ascension, bien plus revêches que les 10 précédents finalement. Hormis une redescente au milieu, les % ne faiblissent presque pas, tandis que la chaleur et l'accumulation commencent à se faire sentir. Après une descente assez technique offrant dans ses derniers km une magnifique vue sur le toit des Vosges, un gros morceau se présente, avec la remontée vers ledit sommet, j'ai nommé le Grand Ballon et ses 15 km d'ascension. Je l'attaque avec sérénité, malgré des jambes qui commencent à peser. Je commence à me faire doubler, c'est un fait, notamment par un zozo qui se la joue sur la plaque (que je croquerai avec délectation à 1 km du sommet complètement à l'agonie !), mais je continue à remonter un à un de nombreux cyclistes, ce qui me rassure aussi un peu dans ma souffrance. Car il faut le dire, personne ne rigole sur cette ascension qui n'offre pas beaucoup de répit, d'autant qu'à partir du col Amic, la pente se durcit notoirement pour toute la partie finale.







Matthieu poursuit sa chevauchée, loin devant moi.

Merci Marceau pour le ravito !
C'est donc avec soulagement que j'aperçois enfin Marceau, le père de Matthieu, qui s'est gentiment proposé pour nous ravitailler à cet endroit. Le plein de bidons, l'opération inverse pour la vessie, et c'est reparti pour une portion supposée reposante. Sauf que, pour la seule fois du parcours, je me retrouve seul. Jusqu'au Markstein, pas trop grave, le vent est plutôt de dos, mais je comptais bénéficier d'un appui pour toute la descente jusqu'au lac de Wildenstein. Or il n'en est rien, je dois pédaler vent de face pour avancer ! Zut, d'autant que je subis le contrecoup des efforts consentis jusqu'alors : lorsque je suis enfin rattrapé, je me montre incapable de prendre la roue ... en descente ! Bon pas de panique, nous nous retrouvons à 4 pour rallier le pied du col d'Oderen. Un col que je redoutais, comme je l'avais stipulé après ma reco. Après +/- 3 000 m D+ déjà avalés et une longue descente, comment allait se passer la remise en route ? Ben ... pas trop bien ! Les cuisses répondent très moyen, de plus je me retrouve un peu seul dans la pampa sur le 1er tiers de la montée : c'est clair, je subis le coup de mou que j'avais pressenti. J'en profite pour m'alimenter, en attendant des jours meilleurs, sur un col pas franchement redoutable en soi, mais dont le raidillon rectiligne peu avant le sommet, puis dans une moindre mesure la dernière portion, ne sont pas de tout repos. 
Sont-ce les bienfaits du retour (temporaire) dans les Vosges ? Ou l'aspect psychologique, car il ne reste plus qu'une grosse difficulté avant l'arrivée ? Toujours est-il que je retrouve le moral dans la descente, menée tambour battant avec une armée de Hollandais/Belges et, ô miracle, un Français à qui visiblement, vu sa moue dubitative, j'apprends la teneur de menu restant ... Le col du Ménil est comme d'habitude une formalité, d'autant que je l'aborde dans la roue d'un immense Batave. Il doit bien mesurer 2 m le gaillard, car mon nez est à la hauteur de ses fesses !!! Rapidement lassé par ce panorama masculin (une Hollandaise, je ne dis pas ...), je prends le relai puis tout le groupe se retrouve au Thillot. Avec des forces retrouvées, le col des Croix, pas le plus ardu du secteur, se passe sans souci, hormis un passage en travaux qui oblige le groupe à un passage à pieds. Flûte, la moyenne ! Une dernière barre dans l'estomac, et nous plongeons vers Servance, où une ultime difficulté nous attend ... Avec 190 km dans les guiboles, la route de Beulotte sera gravée dans la mémoire de beaucoup de participants, j'en suis sûr. Un 1er raidard, une descente, puis un mur >15% qui n'en finit pas ... Là, pas de secret, tout le monde en ch..., et de doubler une dizaine de concurrents me regonfle quelque peu le moral : c'est apparemment encore plus dur pour certains ! Une fois de plus, je me félicite de bénéficier de mon 30x27. Un brin désuet, le triple plateau, pas un look ravageur, mais pouvoir mouliner quand on est scotché à la route est un réel bénéfice. Donc j'avance malgré tout, mais cela continue à monter encore après, encore et encore, c'est vraiment interminable. Heureusement, peu avant le point culminant de la "petite Finlande", mon groupe de supporters est là. Comme convenu, des oncles et tantes ont saisi l'occasion pour faire une balade dans le secteur, avec en conclusion de leur journée, des encouragements pour un cycliste fourbu. Ils n'ont pas fait les choses à moitié, avec pancarte et applaudissements nourris pour leur "maillot jaune" d'un instant (j'étais en blanc !...). Après un ultime remplissage bidon, je repars le moral boosté par ce sympathique soutien, et rattrape rapidement un paquet dans lequel je reconnais quelques individus avec qui nous partageons depuis un moment la route, notamment un Hollandais chevauchant un vélo que j'évalue dans les 10 000 €, avec un équipement de toute beauté ... qui ne l'empêche pas de piocher au moins autant que les autres en montée !

Obligé d'assurer !


Ça ne se voit pas, mais il n'y a plus grand chose dans les cuisses !

Un bidon revigorant !

Merci les supporters !
Allez, le plus dur est fait !
Ça commence à sentir bon l'écurie, mais cette route d'Esmoulières n'en finit pas de tournicoter, et chaque relance s'avère douloureuse pour les cuisses. Je m'accroche, ce serait bête de lâcher maintenant un groupe qui va rester constitué jusque l'arrivée. Le retour vers Raddon-et-Chapendu se fait à 40 km/h passés, mais en serrant sérieusement  les dents ! Je passe finalement la ligne en 8h02 de vélo (8h06 chrono officiel incluant forcément les pauses pipi, bidons et feu rouge), pour 218 km et 4 157 m D+, soit une moyenne roulée de 27,1 km/h (26,5 officielle), ce qui me classe 430ème (124ème de ma caté, il y a quand même un sacré matos devant !) sur 2 583 classés. Une réelle satisfaction compte tenu d'une part que j'avais tablé (trop modestement ?) sur une moyenne de 25 km/h, et que d'autre part, je ne vois pas très bien comment je pourrais aller plus vite. La descente du Markstein en groupe, OK, je peux gratter un peu. Mais grimper plus vite, impossible a priori sur une telle accumulation. A moins de m'astreindre à une diététique d'ascète et à un entraînement moins empirique, pour gagner en poids et en puissance ... bof ! Dernière solution, rajeunir de 15 ans ... Mais ça, c'est une autre histoire !
Dans le même temps, Matthieu a réalisé une belle perf, avec 7h39 (7h41 officielles), synonyme d'une 240ème place qui lui fait regretter, plus qu'à moi, un dossard prioritaire pour partir dans les 1ers et jouer un meilleur classement. L'année prochaine ? Quant aux meilleurs, c'est un Français qui est venu chiper la victoire au contingent hollandais. Elle s'est jouée en 6h32 (33,4 km/h de moyenne), tandis que la meilleure féminine a réalisé le temps canon de 7h10 (30,3 km/h) : des moyennes hallucinantes au regard du dénivelé, vraiment un autre monde !!!
Pour la petite histoire, notre compteur affichera finalement 230 km au soir de cette belle journée sportive : ben oui, il restait environ 12 km pour retourner à la voiture restée à Luxeuil et goûter un repos bien mérité !

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